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Mozambique – Aldeia Impaputo
Guidé par notre poisson-pilote Bob, nous quittons le CCFM à 6h00 pour une longue route, il est prévu 1h30 de trajet sur la feuille de service. Nous traversons toute la ville vers l’Ouest, empruntons l’EN2, passons un péage et bientôt nous nous retrouvons en pleine campagne.
Nous traversons prudemment Boane, une petite ville envahie par des centaines d’élèves, tous en uniforme bleu sombre à chemise blanche, qui rejoignent à pieds le lycée, puis nous bifurquons sur l’EN5, une route bordée par quelques carrières blanches, dans une contrée vallonnée au paysage arboré verdoyant. La route est en parfait état, le macadam granuleux, la signalisation à peine usée.
Nous arrivons finalement au village d’Impaputo en moins d’une heure.
Nous sommes sur le route qui mène à la frontière avec le Swaziland et l’Afrique du Sud, respectivement à 7 et 20 km à vol d’oiseau, 45 km par la route à l’Ouest de Maputo.
La République des enfants - En route
Nous voilà de retour dans le village de Impaputo pour finir les premières séquences du film.
Nous avons pris la route plus tard que Bob, mais le chemin est assez simple, EN2, Boane, EN5, c’est bien indiqué. Au départ du CCFM, nous faisons les même détours que Bob pour éviter les éventuels policiers pas gentils avec les automobilistes.
A six heures du matin, il fait encore nuit mais avant d’arriver sur Boane, la campagne environnante se découvre d’une légère brume qui monte du sol. Les couleurs sont magnifiques, les verts profonds de mille nuances du paysage vallonné se heurtent aux rouges de la terre et caressent les bleus orangés du ciel nouveau.
Nous revenons sur le dernier décor de la journée d’hier, pour un plan d’effets spéciaux, les parents de Fatima reçoivent les balles en pleine poitrine et s’effondrent.
La République des enfants – Pique-Nique
Vous connaissez maintenant le timing, lever 5h15, petit déjeuner 5h30, départ du Centre Culturel à 6h00. Bob nous a précédés, pas grave, nous allons retrouver la piste des plages.
Nous tournons à Chiango, une immense plaine envahie, il y a peu encore, par les eaux du delta du fleuve Nkomati.
Après 25 de Setembro, Marginal, voilà cette piste infernale aussi agitée qu’une promenade à dos de chameau.
Nous dépassons la mangrove de la deuxième semaine, traversons le village de pêcheurs de la troisième.
Il y a peu de monde à cette heure-ci mais la piste de sable me fait craindre l’enlisement, j’évite les coups de frein intempestifs et les accélérations inutiles en prenant soin de rester dans les traces, je n’ai pas fait le Paris-Dakar et j’ai l’impression que notre Toyota Noah, bien qu’il existe un modèle qui le soit, n’est pas du tout quatre roues motrices, tant la direction avant flotte.
La République des enfants – Travelling
N’ayant pu faire le plein la veille en l’absence du bon d’essence, c’est un peu avant six heures que nous quittons le CCFM pour une halte à la station Total flambant neuve sur 25 de Setembro.
Bien que trois à quatre fois moins chère qu’en France, l’essence reste une denrée de luxe dans ce pays qui a connu des émeutes meurtrières en 2008 lorsque le gouvernement avait voulu en augmenter le prix. A cette époque, devant la pression de la rue, seul le diesel pour les minibus collectifs avait échappé à cette hausse.
Le bon d’essence signé, nous reprenons la route des plages.
Le décor du jour est encore plus loin sur cette piste que nous commençons à bien connaître. Après avoir dépassé la savane de la veille, nous continuons deux kilomètres dans des traces de plus en plus sableuses, où nous ne croisons qu’une ou deux maisons isolées.
La République des enfants – Sur le champ de mines
Nous avons deux jours pour réaliser la séquence 2 du film.
Après avoir quitté l’école en emmenant tous les enfants, quel que soit leur âge, le groupe de soldats et leur colonne d’otages arrivent dans une vaste zone désertique qui s’avère être possiblement un champ de mines.
En tête de colonne s’avance prudemment un des soldats les plus expérimentés, un pas en avant, arrêt, un autre pas, arrêt, à nouveau un pas, arrêt, encore un pas, arrêt, il avance avec une assurance indéfectible, même si chaque pas est une menace de mort.
Derrière lui, dans un ballet parfaitement réglé, chaque membre de la colonne en file indienne suit exactement le même rythme cadencé, en prenant soin de mettre précisément son pas dans la trace de celui qui le précède.
Quand le guide lève le pied droit, c’est toute la colonne qui lève le pied droit, quand il le pose, c’est toute la colonne qui le pose dans la marque précédente, quand il lève le pied gauche…
La République des enfants – Savane et USM 69
C’est ainsi que la feuille de service qualifie ce retour à Chiango.
Mais pour ma part, après huit jours de route EN1 et d’asile de fous, reprendre la piste de Chiango pour retourner sur le décor de la savane est un véritable plaisir.
Descendre Samora Machel, tourner à gauche sur 25 de Setembro, parcourir tout Marginal sur Costa do Sol, continuer tout droit pour prendre la piste, passer le village des pêcheurs puis le second hameau, nous voilà arrivés après la zone de tourbière et le petit canal.
À l’entrée du village des pêcheurs, un goulot d’étranglement ne laisse place qu’à un seul véhicule, le camion électro est bloqué là au milieu du chemin, enlisé profondément dans le sable.
Les bas-côtés sont totalement creusés, meubles, mais c’est la seule alternative possible. Un 4 x 4 y passe avant nous sans difficulté.
Je suis moins téméraire. Je fais marche arrière pour laisser la place aux véhicules qui arriveraient et nous réfléchissons à la meilleure façon de franchir cet obstacle avec notre Toyota Noah qui n’est pas tout terrain. Il faut prendre un maximum d’élan, foncer aussi vite que possible bien droit pour ne pas risquer de planter le train avant. Pierre descend pour écarter la foule déjà nombreuse à cette heure pourtant matinale.
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