23. Mass evacuation
Il est bien agréable parfois de travailler à quelques pas de son domicile.
Le tournage a réinvesti la place de l’Indépendance, en particulier le grand escalier de l’Hôtel de Ville de Maputo et plus tard dans la journée les escaliers monumentaux de la place.
Le temps est assez frais ce matin, agréable après les grosses chaleurs que nous avions connues sur la piste de Chiango. Quelques nuages viennent même parfois masquer le soleil ce qui ne sera pas sans problème pour la lumière.
C’est le début du film, avant et après le Conseil des Ministres adultes.
Avant, c’est Nuta qui arrive au Palais pour y apporter les vêtements cousus pas sa grand-mère, là elle y rencontre Chico, le vendeur de mangues, que Nuta mène par le bout du nez.
Après c’est la débandade et la fuite des officiels du Palais, ainsi que celle de la population qui coure en tout sens sur la grand place.
Mais il y a quelques contreparties à pouvoir voir sa chambre d’hôtel de son lieu de tournage :
- Nous retrouvons une ambiance chargée en circulation, même si cela est admissible dans cette partie du film, c’est nuisible pour la bande son.
- Nos amis du chantier de construction voisin tapent toujours du marteau, la régie ne les contrôle toujours pas, et même si c’est raccord avec les scènes tournées en intérieur, à ce moment du film, tout le monde est supposé fuir.
- Nous commençons toujours à 6h00 du matin, et comme il n’y a pas de trajet c’est autant de temps de tournage en plus.
Ceci dit à part quelques lignes de dialogue entre Nuta et Chico, le son n’aura guère de difficulté, à ceci près qu’il prendra la place qu’on voudra bien lui donner pour ce qui est des ambiances des scènes de foule et de panique.
C’est une journée de figuration et tout dépendra de la façon qu’auront Angela et Dino à mettre en place et diriger leurs figurants. Nous avions déjà constaté qu’Angela avait tendance parfois à s’oublier et intervenir de la voix au milieu d’un plan. Si c’est un court instant, ça peut passer, le monteur son fait ce qu’on appelle une rustine avec un bout pris ailleurs dans la scène. Si c’est en continuité, alors le plan sera à rebruiter et animer entièrement en post-production et là c’est une autre paire de manches, du temps et de l’argent, et ce film n’a ni l’un ni l’autre.
Il fait tellement frais ce matin que j’ai sorti la veste polaire pour le premier plan. Et dire qu’on s’était moqué de moi à Paris lorsque j’ai ajouté celle-ci dans le matériel : « tu vas en Afrique, qu’as-tu besoin d’une veste polaire là-bas ». Bien oui, l’hiver tropical peut-être froid !
Quel jolie image, la perspective d’une rue en pente bordée d’arbres, nous prépare João pour ce premier plan où Nuta coure vers le Palais en manquant de se faire renverser par un vélo.
Nous enchainons avec la caméra sur travelling qui suit Nuta et l’amène jusqu’à Chico au pied des marches du Palais, avec son petit étal de mangues.
Il semble qu’on aime bien les travellings sur ce film. A part sur la plage où il était difficile d’en placer, je n’ai pas souvenir d’une séquence sans rails. Le corollaire de cette utilisation quasi systématique du travelling est qu’il devient difficile de donner du rythme à une scène en dehors des mouvements à l’intérieur du cadre, la mise en scène des acteurs et de la figuration, d’autant plus si l’on n’est pas capable ensuite de couper et changer d’axe pour offrir une autre vision de la scène. A mon sens quand le travelling ne devient que descriptif, il perd totalement son caractère d’élément rythmique et sémantique du langage cinématographique.
Je ne suis pas certain que Maurice ait bien saisi le sens de la scène. Alors que la ville est déjà en état de panique, Nuta arrive auprès de Chico et lui demande pourquoi lui aussi ne fuit pas. A quoi Chico répond «parce qu’un client important vient d’arriver». Ce trait d’esprit charmeur semble totalement échapper au tout jeune Maurice, tout juste 11 ans, est-ce vraiment une réplique qu’aurait dite un gamin de cet âge ?
La République des enfants – 4 / 2 t10 – perche au centre, stéréo MS décodé L&R
Dans la séquence suivante, c’est l’ensemble des membres du gouvernement qui fuit en panique à bord de limousines arrivées en toute urgence et encadrées de solides pickups chargés de soldats lourdement armés. C’est sauve-qui-peut, les femmes et les enfants d’abord, comme le hurle une ministre hystérique, un moment de pure comédie.
La République des enfants – 6 / 1 t4 – perche, micro d’appoint au centre, stéréo MS décodé L&R
Après la coupure repas, le reste de l’après-midi se passe à filmer, deux plans, quelques figurants courant en tout sens, trois prises, et des fruits et légumes finissant de dévaler un escalier de la place, huit prises. Rien de bien transcendant en ce qui concerne le son, pénible à mettre en place.
Un samedi plutôt agréable, un peu long, même si nous étions de retour à l’hôtel dès 17h00.
What a information of un-ambiguity and preserveness of valuable
know-how about unexpected feelings.