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37. Les trois jours de Mafalala

La République des enfants - Enfants de Mafalala

La République des enfants – Enfants de Mafalala

Il aura fallu attendre six semaines avant que nous ne tournions dans ce qui caractérise l’agglomération de Maputo, ses immenses quartiers périphériques qui entourent la ville haute sur des kilomètres, le véritable habitat de la population pauvre de la capitale.

Mafalala est un de ces quartiers qui longent la route menant à l’aéroport.

Sans être à proprement parler des townships, ce mot évoque la ségrégation raciale en Afrique du Sud, ni vraiment des bidonvilles, ces quartiers sont extrêmement denses, l’habitat est un mélange de maisonnettes en dur et de baraques de bois et tôles ondulées.

Un habitat qui pourrait apparaître précaire donc mais dans lequel vit la majorité de la population de Maputo depuis des décennies.

Les rues de terre et de sable sont étroites, et si l’on n’a pas le sens de l’orientation, il est facile de se perdre dans des passages labyrinthiques.

Les voitures y sont rares, l’eau est le plus souvent tirée de pompes communes, le mode de vie est calqué sur celui des campagnes, avec la cour comme élément central autour de laquelle s’articulent la vie sociale et les occupations de la journée.

38. Casa Nuta

La République des enfants - Vacances à Mafalala

La République des enfants – Vacances à Mafalala

La journée entière est prévue dans la maison Nuta.

Ça tombe bien car dehors il fait beau, pas trop chaud, juste la bonne température.

C’est une journée vraiment agréable, où l’on aurait qu’une envie, celle de s’assoir à l’ombre des arbres, tirer quelques verres de bière de la jarre dans le coin de la cour, laisser le temps passer tout seul et surtout ne pas travailler.

D’ailleurs, alors que Ernest, Camal et Paulo triment comme des fous pour tenter de désensabler le groupe électrogène, les têtes pensantes du film donnent l’exemple au reste de l’équipe, attendre et ne rien faire.

J’ai l’impression que ce groupe-là a l’air assez expert en la matière, n’est-ce pas, on dirait qu’ils sont là dans leur élément naturel.

40. Indépendance Nationale

Maputo - Vive l'Indépendance Nationale

Maputo – Vive l’Indépendance Nationale

Je ne sais pas si c’est par défi, inconscience, aveuglement, irrespect ou mépris que la production portugaise a décidé de tourner le jour du 35ème Anniversaire de l’Indépendance Nationale de son ancienne colonie, le Mozambique.

Cette nuit fut celle qui précède la tempête car nous avons été prévenus qu’il y aura de la musique et des festivités jusqu’à l’aube de la suivante.

Officiellement, le son est convoqué ce matin à dix heures. La veille Angela nous a spécifié que les premiers plans seront muets car tournés sur la plage avec un quad, si bien qu’elle nous a gentiment accordé grasse matinée jusqu’à midi.

À neuf heures du matin, je suis appelé en urgence par Yardena car la voiture, toujours stationnée Rua da Radio alors que les camions sont déjà partis, doit quitter les lieux. Elle me conseille de la garer sur le parking du Rovuma et elle me laisse là à me débrouiller tout seul avec les milliers de flics qui bouclent le quartier.

41. A luta continua

La République des enfants - Hommage à Flora

La République des enfants – Hommage à Flora

Au lendemain de cette nuit de liesse populaire, les visages de l’équipe logeant au Rovuma semblent bien défaits. Il y a ceux qui n’ont pas dormi du tout, Flora particulièrement, ceux que le bruit ne dérange pas mais qui ont mal dormi, ceux qui ont sommeiller dans leur salle de bain comme Patrick et moi-même, et enfin il y a les bienheureux accros au Stillnox.

Lorsque nous quittons l’hôtel à sept heures ce matin, la place de l’Indépendance est déserte, jonchée de détritus. La sono s’est enfin tue, les tribunes font grises mines avec leurs tubulures rouillées. Tout cela paraît triste comme une gueule de bois.

Avant dernier jour de tournage, nous sommes de retour au centre ville, sur Praça dos Trabalhadores (place de Travailleurs) face à la gare centrale. Plus exactement avons-nous rendez-vous sur celle-ci car le tournage doit avoir lieu un peu plus loin dans une rue parallèle à Bagamoyo, Rua Consiglieri Pedroso.

42. That’s a wrap

La République des enfants - Flora, Pierre, João, Abigail

La République des enfants – Flora, Pierre, João, Abigail

Dernier jour de tournage.

Après une bonne nuit de repos, enfin, nous nous retrouvons tous un peu après six heures du matin devant la caserne des pompiers de Maputo, sur Avenida Eduardo Mondlane, face au cimetière. Ce parking servira de base de départ pour les plans que nous avons à tourner sur la benne d’un camion de chantier.

Car dans la République des Enfants, il n’y a pas de voiture mais il y a deux camions ! Le rouge que nous avions vu lors du carnaval et qui servait de tribune, et ce bleu-là muni d’un haut parleur qui sert de véhicule d’alerte.

Ce second camion est une antiquité comparé à l’autre, la benne est en partie rouillée, il y a encore du sable dans les recoins, la carrosserie brinqueballe de tous côtés, le moteur est en piteux état avec une boîte de vitesses défectueuse qui ne dépasse pas la seconde.

Cela a son importance car nous avons à filmer sur cette benne un courte scène de texte.

Rangement

Ce dernier lundi à Maputo est consacré au rangement du matériel. Les camions doivent en effet reprendre la route de l’Afrique du Sud dès demain matin.

L’équipe image, caméra, électricité, machinerie, que nous n’avions pas vue hier à la fête de fin de tournage, João, Silene, Inês, Manuel, Paulo, s’occupe de son matériel avec ses assistants mozambicains sur les trottoirs de la cathédrale, là où les camions se sont garés pour la nuit.

Pour notre part, bien que la production n’ait plus ses bureaux au Centre Culturel, nous profitons une dernière fois de la cour privée du CCFM dans laquelle nous avions laissé, pendant toute la durée du tournage, nos deux malles Zargal en aluminium et nos cinq cantines Pierre Henry en fer.

Avec les quelques pluies tropicales qu’elles ont essuyées, la rouille a commencé à attaquer les plus vieilles. Un peu d’eau au fond de certaines me fait regretter de ne pas avoir jeté sur la pile des malles une bâche qui les eût protégées quelque peu.

Adieu Mozambique

La République des enfants - Sur la piste

La République des enfants – Sur la piste

Il fait nuit noire. La Lune nous a abandonnés. Il faut suivre le minibus caméra, il faut suivre notre poisson-pilote. Il ne faut surtout pas le lâcher, nous nous perdrions dans les townships.

D’abord regarder à droite, ensuite à gauche, à droite, à gauche. Quand on tourne à droite, il faut aller au fond du carrefour. À droite, au fond, à gauche, tout de suite. Ça tourne, moteur, action.

Nous suivons. La ville est déserte, abandonnée, Samora Machel dévastée est jonchée de débris, sur la place de l’Indépendance, quelques voitures fument encore,  partout des fruits écrasés ont bariolé la grisaille du macadam.

Le vent balaye une poussière rouge que la faible lumière des lampadaires n’arrive pas à percer.

À gauche dans Jardim Tunduru, des huttes de paille brûlent les derniers grains de millet de la saison, la fumée tourbillonne dans la tempête qui rugit et apporte de loin le chant des enfants dans une classe d’école.