Noir, rouge, jaune
Vert, il y manque le vert pour compléter les couleurs principales du drapeau mozambicain !
Une nuit pénible et nous voilà en onze heures de vol à Maputo.
La longue bâtisse de l’aéroport évoque le Sheremetievo moscovite des années 50, architecture fonctionnelle sans cachet, quelque peu usée par le temps. Le Mozambique, pays africain, est une ancienne colonie portugaise, à laquelle a succédé en 1975 un régime révolutionnaire communiste, longtemps soutenu par l’URSS puis la Russie.
Il est envahi de nos jours par les Chinois qui ont pris la place dans un grand élan de développement économique, pour preuve le nouvel aérogare flambant neuf en cours de finition, construit par une nuée d’ouvriers chinois tous en uniforme de travail d’un violet criard, à pied d’œuvre dès 7h00 du matin.
Formalités rapides pour ce qui nous concerne, nettement plus longues pour les trois Bissau-guinéens, amis de Flora, Jorge qui assistera la machinerie, Joãozinho l’électricité et Mussá la déco, qui nous rejoignent. Le soleil tape déjà fortement à 7h00 alors que nous patientons devant le 4×4 conduit par Samuel, chauffeur de Flora.
Après avoir fait le tour de la grandiose Place des Héros du Mozambique, la route vers l’hôtel, l’avenue de l’Accord de Lusaka, officialisant en 1974 le droit à l’indépendance du Mozambique, se prolongeant par l’avenue de la Guerre Populaire, tout un programme d’histoire, est une longue avenue rectiligne, large,à 2×2 voies, bordée de townships, l’activité y est déjà débordante, le trafic dense, embouteillé dans les deux sens.
Surprise, on roule à gauche au Mozambique, sûrement l’influence du grand voisin, l’Afrique du Sud, à moins que ce ne soit l’effet de sa demande d’adhésion au Commonwealth en 1995 alors qu’il n’a jamais fait partie de l’empire britannique.
Si on nous demande de conduire un quelconque véhicule (personne ne nous a d’ailleurs parlé de camion caméra ou son), il va falloir s’y faire !
En grand seigneur, Flora nous accueille dans le hall de l’hôtel, immeuble imposant, une ruche, d’aspect officiel, un hôtel pour apparatchik, devenu l’hôtel officiel de la Tap, un moment appelé Carlton, maintenant Rovuma appartenant au groupe portugais Pestana.
Personne de la production pour nous recevoir, n’était-ce la présence rassurante et efficace de Flora, nous n’aurions pas eu de chambre ! D’ailleurs la mienne, au huitième étage, n’est pas prête, il me faut attendre pendant deux heures avant de pouvoir bénéficier d’un peu de toilette et d’un repos bénéfique.
Les chambres sont spacieuses, confortables, modernes et bien tenues, l’aménagement est agréable, pas luxueux mais soigné, il fera bon y vivre 8 semaines, un refuge pour oublier les longues heures de plateau. La vue magnifique englobe quasiment tout Maputo, le Pestana Rovuma étant situé sur les hauteurs de la ville.
Après quelques instants de répit, visite aux bureaux de production, situés quasiment au pied de l’hôtel, dans le magnifique et calme Centre Culturel Franco-Mozambicain, un ancien hôtel colonial du début XXème, géré maintenant conjointement par la France et le Mozambique pour servir de lieu d’échanges et de rencontres culturelles.
Présentation d’un personnel nombreux, mozambicain, sud-africain, allemand, portugais, et notre unique compatriote, directrice de production, Mano. Rendez-vous est pris pour la fin d’après midi à la terrasse du bar de l’hôtel pour une réunion d’information et de production.
Équipe image portugaise au grand complet, équipe déco allemande également, régie et production portugaise, le son et sa directrice de production français. En tout 10 nationalités sur le tournage, 5 langues parlées, sans compter les différentes langues locales du Mozambique et de l’Afrique du Sud. La langue commune sera l’anglais.
Angela, première assistante portugaise, jeune femme dynamique et méthodique, polyglotte, dirige la réunion. Les camions avec les matériels image, électrique, son et la machinerie sont arrivés de Johannesburg, garés le long de la cathédrale qui jouxte l’hôtel, mais ils sont toujours sous scellés des douanes, qui bien sûr ne travaillent pas le samedi. Reste la journée de lundi pour décharger, déballer, tester, si tout se passe bien !
Rapide discussion sur les horaires de travail, les temps de transport, les décors, quelques échanges entre les différents membres de l’équipe qui font connaissance (par exemple, João, le chef opérateur, se présente à moi en m’assurant de son entière collaboration pour d’éventuels problèmes d’ombres de perche), et il est temps de finir sa bière, prendre un dîner frugal et profiter enfin d’une première nuit mozambicaine, calme et noire !